Faire pousser du tabac : législation en France et étapes pour cultiver chez soi

Si vous êtes attiré par la culture de cannabis, vous vous demandez peut-être s’il est possible de faire pousser du tabac chez soi en France. Mais que dit la législation ? Peut-on cultiver et vendre du tabac de manière indépendante ? 

Tout comme la culture de cannabis et la commercialisation de ses dérivés (CBD et autres), la culture du tabac est soumise à des lois restrictives. Décortiquons ce que dit la législation à ce sujet. 

Ce que dit la loi sur la culture d’un petit plant de tabac

Semer et faire pousser du tabac en France dans une propriété privée est autorisé sans déclaration préalable. Toutefois, la culture ne doit pas dépasser le cadre personnel. Il existe en effet certaines limites. En revanche, il est formellement interdit de transformer le tabac pour le vendre. En effet, la commercialisation du tabac est exclusivement réservée aux manufactures de tabac agréées.

Il n’existe pas de nombre maximum de plants défini par la loi pour un usage personnel. En revanche, toute tentative de revente à des tiers est passible de lourdes sanctions.

De quelle plante le tabac vient-il ?

Une fois que l’on maîtrise les limitations légales, il faut savoir que la plante de tabac nécessite des conditions d’espace et de climat très spécifiques pour pouvoir se développer correctement. 

Les espèces les plus utilisées pour obtenir du tabac sont la Nicotiana sanderae, la Nicotiana tabacum ou la Nicotiana rustica. Ce sont celles qui présentent la plus forte concentration de cette substance. Petite curiosité : cette plante n’est pas la seule à contenir de la nicotine dans sa composition chimique. Cet alcaloïde est également présent dans certaines variétés de la famille des Solanacées, mais en pourcentages beaucoup plus faibles. C’est par exemple le cas des tomates (Solanum lycopersicum), les pommes de terre (Solanum tuberosum), les aubergines (Solanum melongena), les poivrons (Capsicum spp) ou les feuilles de coca.

Pourquoi les plantes produisent-elles de la nicotine ?

La nicotine joue un rôle très important chez les plantes qui en produisent. Il s’agit d’un alcaloïde toxique qui agit comme répulsif naturel contre les insectes et les herbivores. Ceux-ci peuvent subir des effets négatifs allant jusqu’à la paralysie ou la mort après ingestion de certaines parties de la plante. Elle constitue aussi un puissant répulsif chimique grâce à son odeur et à son goût amer, qui dissuadent d’éventuels prédateurs. 

À faibles concentrations, la nicotine joue aussi des rôles plus complexes dans l’interaction avec d’autres êtres vivants. Certains pollinisateurs sont attirés par ces composés volatils, mais uniquement lorsque ceux-ci sont équilibrés avec d’autres substances présentes dans la fleur.  

On pense également que cet alcaloïde pourrait agir comme antioxydant et protéger la plante contre le stress oxydatif. C’est la toxicité de la nicotine qui aurait permis à la plante de survivre et de se défendre face aux prédateurs. Les choses changèrent lorsque l’être humain décida de commencer à la fumer. 

Comment cultiver un petit plant de tabac 

Mais revenons à sa culture. Cette plante aime le climat chaud, la température idéale pour qu’elle pousse correctement se situant entre 20 et 30 ºC. Elle est assez résistante et peut germer dans n’importe quel type de sol. Toutefois, il est préférable de lui fournir un substrat riche en nutriments et bien drainé. Lors du choix de l’endroit où la planter, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une variété toxique en cas d’ingestion, même de petites quantités. Elle représente un vrai danger s’il y a des animaux domestiques ou des enfants à la maison.

Faire germer les graines

Il est préférable de commencer le processus de culture à la moitié de l’hiver, car la floraison a lieu pendant les mois chauds, entre début juillet et fin septembre. La première étape consiste à faire germer la graine. On la laissera ensuite pousser dans une mini-serre en contrôlant les paramètres, ou dans un autre espace intérieur. En 5 à 6 semaines, les pousses devraient atteindre environ 3 cm de hauteur et être prêtes pour un premier rempotage. 

Premier rempotage

Une fois que l’on a rempoté la ou les plantes, il faudra les aider à pousser et à se fortifier. Si plusieurs plants partagent un même pot, il est conseillé de les espacer d’au moins 4 cm. Il faudra les arroser quotidiennement et maintenir le substrat humide.

Deuxième transplantation

Ensuite, il faudra déplacer les plantes une dernière fois, cette fois-ci dans le potager ou le jardin. Elles pourront continuer à s’y développer librement pendant les 4 mois suivants. Il est possible d’utiliser un engrais. Les nutriments que l’on applique pour les tomates ou les pommes de terre feront l’affaire. Un produit riche en azote tel que le Fish Mix de Biobizz peut stimuler la croissance avant la floraison. C’est un végétal qui consomme beaucoup de nutriments, donc il peut être nécessaire d’enrichir le substrat. Il est également conseillé d’arroser chaque jour, au moins durant la première semaine après le passage au jardin. Après environ sept jours, on peut commencer à espacer les arrosages. 

Croissance, floraison et récolte

Après la croissance végétative, la plante entre dans sa période de floraison et commence à développer une grappe de fleurs au sommet. À ce stade, un engrais riche en guano peut stimuler le passage en floraison et stimuler le développement des feuilles avant la récolte. À l’intérieur des fleurs se trouvent une sorte de capsule contenant les graines. Une fois que la plante de tabac termine cette étape, les feuilles commencent à mûrir. Le moment idéal pour récolter les feuilles de tabac arrive lorsque la plante est suffisamment grande. Les feuilles afficheront alors une légère teinte jaune.

Pour effectuer la récolte, rassemble les feuilles et coupe-les au niveau de la tige afin de ne pas les déchirer. En général, on récolte d’abord les feuilles du haut, par étapes, au fur et à mesure qu’elles mûrissent. 

Processus de séchage

Les feuilles de tabac doivent passer par un processus de séchage. Pour cela, il faut les étaler une par une dans une pièce bien ventilée. On maintiendra un taux d’humidité de 70 % et une température élevée, entre 25 et 35 degrés. Le séchage peut durer entre 4 et 6 mois. Les feuilles ne doivent pas sécher trop vite, au risque d’altérer leur goût, ni trop lentement, car elles pourraient pourrir. 

Différences entre le tabac brun et blond

Le processus de séchage donne naissance à deux types de tabac : le brun et le blond. Le tabac brun, ou tabac foncé, se caractérise par un processus de séchage et de fermentation plus long. Les feuilles sont exposées à des niveaux de chaleur et d’humidité très spécifiques et contrôlés. Cela favorise la concentration de sucres, d’alcaloïdes et d’huiles naturelles. Avec le temps, les feuilles deviennent de plus en plus foncées et leur saveur est plus intense. Ce type de tabac s’utilise souvent pour la fabrication de cigares, de tabac à pipe et de tabac à mâcher.

Le tabac blond, aussi appelé clair ou doré, passe par une période de séchage plus courte et un processus de fermentation bref. Les feuilles sont séchées rapidement après la récolte afin de conserver leur couleur dorée. Son goût est plus léger, doux et délicat. 

En France, il est donc possible de cultiver un petit plant de tabac, voire plusieurs, sans enfreindre la loi, tant que c’est pour une consommation personnelle. Cela dit, le processus est exigeant et bien plus long que celui du cannabis. Néanmoins, c’est une option envisageable pour celles et ceux qui souhaitent relever le défi et profiter d’un produit authentique, fait maison, sans pesticides ni autres produits chimiques présents dans le tabac industriel.